Clos Cibonne - Cru Classé Côtes de Provence

par Thomas Sebben octobre 29, 2014

Situé sur la commune du Pradet, à la sortie de la rade de Toulon, sur un coteau de la chaîne des Maures, le Clos Cibonne est un domaine familial classé de Côtes de Provence. L’ensemble du vignoble provençal en compte seulement dix-huit.

Les ancêtres de la famille Roux font l’acquisition de la propriété à la fin du XVIIIème siècle à la mort du capitaine de vaisseau Jean Baptiste de Cibon, mort en 1797. Dans les années 1930, André Roux fut celui qui donna toutes ses lettres de noblesse au vignoble autour du Cépage Tibouren. Lui succèdera, sa fille Jacqueline avec son gendre Emile de 1989 à 2003. Depuis 2003 Brigitte et Claude Deforges, les petits enfants d’André, ont repris le Domaine. Aujourd’hui, ils préparent la succession vers la 5 éme génération de vigneron à leur fils Olivier. Comme son arrière-grand-père, son grand-père et son père, Olivier est un amoureux du Tibouren. Devenu œnologue, et riche de nombreuses expériences en Califonie, en Australie et en Bourgogne, il entend bien perpétuer la tradition du Tibouren d’excellence. Bref, la relève est là !

Lorsque toute la Provence replante après l’épidémie de phylloxera et s’oriente vers des cépages plus faciles, à meilleurs rendements, André Roux replante son Tibouren. Anciennement très répandu dans le bassin méditerranéen, il est abandonné peu à peu et le Château Cibon en devient le dernier dépositaire, le conservateur. Le Château troque son nom pour Clos Cibonne. Le Tibouren est un cépage noble, délicat et exigeant, dont la grappe ne vient à maturité que dans les lieux privilégiés des bords méditerranéens, tels les coteaux schisteux et ensoleillés du Clos Cibonne. Très sensible au mildioux et à l’oïdium, il nécessite une conduite de vigne impeccable. Aujourd’hui il s’étend sur 13 ha des 15 que compte le domaine. Depuis, une grande partie des Crus Classés de Provence ont replanté des greffons du Tibouren, parmi eux : Jas d’Esclans, Château Saint-Martin, Château du Galoupet, Château Roubine, Château Sainte Roseline….

Dans les années 60, il n’est pas rare de voir passer pendant la période estivale Fernandel ou Jean Gabin pour passer quelques jours au domaine, rendre visite à leur ami André aux vins et au caractère bien trempés. En effet, M. Roux n’hésite pas à aller chercher les maturités au risque d’atteindre les 16° d’alcool certaines années.

La dégustation est un feu d’artifice de sensations. La cuvée Prestige Caroline, du prénom de la fille de Claude Deforges, est le rosé haut de gamme de la maison : 90% Tibouren, 10% Grenache. Réalisé à partir du raisin des plus belles parcelles, vendangé en dernier et uniquement avec le premier jus, il bénéficie d’un élevage soigné en fût de chêne de 300 litres au fumage léger pendant 9 mois, pour 1/3 neuf, 1/3 de deux vins et le dernier tiers de trois vins qui apportent rondeur sans surcharger de trop en bois. Le résultat laisse sans voix. La robe est rose aux reflets orangés. Le nez flatteur révèle des notes élégantes, beurrées soutenues d’amandes. La bouche droite, ample et onctueuse laisse s’exprimer d’intenses arômes de fruits rouges et de mûres pour laisser place à des notes « pinotées » sur une longue finale épicée.

Le rosé, cuvée des étiquettes est couleur cuivre. Au nez s’expriment des notes d’encens, de figue blanche séchée, de datte et d’abricot, le tout marqué par l’iode qui apporte fraîcheur. La bouche est puissante et élégante, fruits et fleurs offrent un bouquet exquis et raffiné pour finir sur des épices délicates.

Le rouge cuvée Prestige Olivier, l’ainé de Caroline, est sublime. Il se compose de70 % vieille syrah et de 30% de Tibouren et bénéficie d’un élevage de 12 mois en fût neuf. Dans le verre, un rouge profond, à la robe pourpre. Son nez est puissant avec des arômes de fruits rouges très mûrs et de pruneaux. La bouche est riche, structurée, charnue et concentrée avec des tanins fins et soyeux, pour aboutir sur une finale persistante sur une pointe de salinité renforçant son équilibre. On l’appréciera sur un faisan aux figues, aux côtés d’une côte de bœuf ou d’un civet de sanglier.

Thomas S.